Jours 8 et 9 : Macapa – Belem
26h de ferry
Embarquement à l’aube à bord du Anna Beatriz. Progressivement les ponts sont envahis de hamacs aux couleurs vives. Nous avons choisi un emplacement sur un pont supérieur, loin des moteurs.
Commence alors la longue traversée du delta de l’Amazone, qui paraît infinie : nous labourons une double muraille de forêt impénétrable qui s’étend sur des centaines de kilomètres de chaque côté.
Après l’infini du désert à notre droite et de l’océan à notre gauche lors de notre raid Dakar-Toulouse, c’est l’infini de la forêt insondable qui nous captive aujourd’hui. Bercés par nos hamacs, nous somnolons face à ce défilé de verdure luxuriante.
Le fleuve s’étend parfois sur 20km de largeur, quand nous ne nous faufilons pas dans de plus étroits rios. Les berges en sont émaillées de ci de là par quelque jolie maison en bois sur pilotis. Des enfants amérindiens sautent alors dans leurs pirogues pour se rapprocher de notre bateau. Certains passagers leur jettent des ballots d’habits par-dessus bord.
Le coucher de soleil est éclatant, dont le reflet chatoyant miroite sur la surface uniquement troublée par les vagues du ferry et le sillage des jeunes piroguiers. Quelle nuit, quels rêves !!
Le débarquement se fait presque à regrets mais la Porte de l’Amazonie s’offre à nous : Belem la déchue, capitale de l’état du Para, ancienne « Paris en America » enrichie par le caoutchouc et les bois précieux puis appauvrie et isolée dans son déclin économique qui semble inexorable.
Et pourtant, cette pépite crasseuse hantée ici par des ombres squelettiques, là par des vautours se nourrissant dans les poubelles du marché Ver-o-peso, recèle un potentiel inestimable !
Choisie pour accueillir la COP30, Belem est une mégapole encerclée et envahie par la végétation, ses parcs zoobotaniques abritent papillons, ibis, flamants-roses, iguanes, perroquets, toucans … et la gloire du passé ne demande qu’à être restaurée : palais art moderne, rococo, art déco, villas Bauhaus, halles en fer forgé, sans parler d’une gastronomie très particulière sourcée à la fois de la forêt, du fleuve et de l’océan : manioc, tacaca, pato no tucupi, açaí …











